Portrait Son moteur est la communication positive

L’agriculteur - l’un des plus médiatiques de France - sort son premier livre. Non pas pour avoir son nom sur un ouvrage, mais afin « d’aller chercher une nouvelle audience », souligne le youtubeur aux 80 000 abonnés. Thierry Bailliet, exploitant de 49 ans installé à Loos-en-Gohelle (Pas-de-Calais), aux portes de Lens, a lancé sa chaîne en 2013 après un « électrochoc » : « Mon fils Émilien, alors en 4^e, était harcelé au collège. Ses camarades le traitaient de cul-terreux. »

Être constructif et s’entendre

Rapidement, l’exploitant gagne la sympathie des internautes. Face à la caméra, il raconte son quotidien avec ses vidéos. Avec la même pédagogie, l’influenceur a pris sa plume pour expliquer son métier : « Je ne voulais pas le faire de façon égocentrique. Je souhaitais montrer les agriculteurs dans leur diversité. J’en ai interrogé dix aux quatre coins de France grâce à l’argent récolté par le biais d’un financement participatif. »

Pragmatique, le polyculteur-éleveur a saisi les occasions de déplacement à des salons ou des formations pour rencontrer ses collègues, investis pour la moitié sur les réseaux sociaux. Avec ce nouvel outil de communication positive, Thierry Bailliet veut servir l’agriculture avec un grand A. « J’ai choisi des agriculteurs qui avancent avec leurs pratiques, leurs doutes, la qualité de leurs sols », explique celui qui a converti 50 de ses 150 ha en bio.

Sans dogmatisme, l’auteur montre les multiples visages du secteur : « Il s’agit d’être constructif. Si entre nous, on n’arrive pas à s’entendre, ne demandons pas au grand public de nous écouter. » Cet homme fédérateur a sondé son auditoire pour choisir le plan du livre, ainsi que la couverture. Il a sollicité son réseau pour rechercher des données chiffrées : « C’est un livre d’ouverture et, beaucoup, de coconstruction. » Thierry sait mettre en avant les qualités de l’autre pour qu’il les développe : « C’est là qu’on tire le meilleur de l’humain. » Une ligne de conduite qu’adopte ce coopérateur dans l’âme avec ses salariés et au sein de sa Cuma.

Mais « écrire, c’est la moitié du travail », dit-il. Alors, le 28 février, il attaquera un tour de France en tracteur pour promouvoir son opus auprès du grand public, des scolaires, mais aussi des agriculteurs : « Je veux les pousser à prendre en main leur communication. » Il peut compter sur le soutien inconditionnel de son épouse Anne-Sophie et de son fils Émilien, qui pallieront son absence sur l’exploitation.

Catherine Yverneau

(1) Éditions France Agricole, 2020, 19,90 €.

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